Interview: qui êtes-vous ?

-D'abord, permettez-moi de vous dire, vous ne faites pas votre âge..
-non, je sais, je fais beaucoup plus.
-Heu!.. quel âge ?
-ingrat.
-Pourtant épanoui ?
-non, bêtement inhibé.
-Oui mais, dans l'air du temps ?
-peut-être, mais c'est un air con.
-Ah, bon? alors.. heu!.. essayons de mieux vous connaître.. heu!.. misanthrope ?
-non, mise au point.
-Que regardez-vous là-haut ?
-la question en suspend.
-Quelle question ?
-la guerre est-il un sport ?
-ah!.. et Dieu alors ?
-moi, pour rencontrer Dieu, je fais le mort.
-Bon. Heu!.. avez-vous un conseil a donner ?
-je ne conseille à personne de vieillir.
.-Avez-vous une remarque à faire ?
-je crois que les grands de ce monde se moquent du monde.
-Heu!.. vous avez des certitudes, peut-être ?
- non.. si, une seule. Je n'irai pas à mon enterrement, j'aime pas la foule.

dimanche 7 décembre 2014

Le dernier répit

Les petits hommes sont invisibles.
Le petit homme éduqué respecte sa capitulation
Travaille à parfaire l'érosion de sa personne
Et s'éveille doucement à sa propre extinction.
Le petit homme poli est sous l'emprise d'une société fantasmée d'images et de bruits divers. ( qui imprime dans le mille feuille névrotique des coups tordus et des travers marchands jusqu'à l'obéissance )
Le petit homme sous influence est pleinement infiltré.
Il y a une multitude de diffuseurs de boniments pour l'obliger. De faux métiers. Des gens enflés.
Le petit homme actif est un simple maillon dans la distorsion du réel.
Le petit homme stimulé jouit d'une servitude affranchie.
C'est un petit homme alerte qui circule en train fantôme. ( la feuille de route ne mentionne aucune aire de repos )
Sollicité en abondance
Le petit homme troublé ne s'attardera pas.
Le petit homme étiqueté avance avec élégance.
C'est un petit homme qui ne veut pas être à la traîne.
Il est sous le charme d'automatismes imprévisibles et malicieux.
Le petit homme moulu ne sait pas qu'il est malheureux.
Il renouvelle ordinairement sa confiance aux grugeurs-concepteurs-batisseurs du futur.
Il y a entente entre gens responsables.
Entre le donneur d'ordres et l'exécutant
l'accord se situe dans le consentement.
L'entourloupe est psychologique et comme l'asthénie estivale elle a bonne presse
Est euphorisante et crée l’événement.
Le petit homme intimidé tourne en rond derrière les barreaux de la vulgarité.
Dans la soumission plus que de raison.
Le maître d’œuvre l'encourage du haut de sa prison dorée.
Silence ! tous deux sont acteurs en représentation.

Pour le petit homme refusant la voie lactée offre un espace accessible
Un dernier répit possible s'il aborde son être éclairant
Sans a priori sans idées préconçues et s'il s'y réfugie gaiement.

La fuite


Je ne fuis pas l'humanité, je fuis l'homme.
L'homme ampoulé.
J'habite ce monde. Son unité.
Mais avec une certaine lenteur.
Je me mêle aux plénitudes, aux herbes folles,
dans un espace dégagé.
J'y vais en douceur.
Je fuis les inconséquences et ses nombreux promoteurs.

dimanche 1 juin 2014

Le poète


Les choses et les êtres

La vie est sibylline
Pour coopérer on s'instruit de données approximatives ou de fabulations
Et d'un positionnement postiche : supérieur ou inférieur ( un impair scientifique )
Avec des pérégrinations dans le bien ou dans le mal qui  finissent en déconvenues tragiques
On ne peut que compatir
Fantasmes et fantômes nous hantent si bien

L'homo économicus ignore ses voisins
Il voit tout noir ou voit tout blanc
Quand il voit rouge il ordonne à tout ce qui bouge
Comme la poule ou le cochon
l'homo économicus vaque à des occupations
Par obligation ou par fonction
Ses jours sont des gros agendas cadencés par des bruits d'avant garde
Allons-nous dépasser la limite de la décalcification cérébrale 
Cela infirme d'être les idiots de la terre les maboules
La terre va se mettre en boule

Être abstinent de sa nature incandescente
C'est placer en quarantaine les zones sensibles
Les lieux éclairants
Et qu'on regarde les yeux dans les cieux
Plutôt que de courir avec des semelles de plomb allons à tire d'aile
Prenons de l'altitude avec les oiseaux de bon augure
Et gagnons les vertiges
Se jeter dans le ciel et retomber sur ses pieds
Savoir ce qu'on dit savoir ce qu'on fait
Apprendre à se décultiver pour en avoir le coeur net
Prendre contact directement avec son imaginaire
Sans passer par un intermédiaire
Assez des mots décolorés ou teints
On l'a à l’oeil et on l'a dans l'oreille la beauté en talents hauts
La joie qui régale
Vivre est une ivresse qui vient du fond et va après
On peut s'étendre à l'infini
Il est plus plaisant de marcher sur l'eau que de traverser des tracas embrouillés

On siffle la fin d'une civilisation au bout de rien
On laisse les habitudes s’essayer à l'histoire
Le fil conducteur des êtres et des choses se cherche un destin un lendemain qui chante
Dès lors rangeons dans les cartons
Les présentations
Le jeu de la carotte et du bâton.

Dans les fleurs


Tête en l'air

Le poète ne ment pas
Le voudrait-il qu'il n'y arriverait pas
L'humain décanille du jardin le poète s'y réfugie
Ni gourou ni tribun 
Ce n'est pas un trafiquant de mots
Celui qui dit savoir ne sait rien le poète ne cathéchise pas
Le poète ne prend pas ses désirs pour des vérités
Il ne vole pas l'air l'eau ou la lumière
C'est un explorateur il ne s'aveugle pas dans les mondanités
Le poète reste debout parle avec fragilité
Côtoie des absences fréquente des rives insoupçonnées
Polygamie astrale.
Ses yeux sont modestes mais son œil est vaste
Le poète ne tourne pas le dos à l'homme
C'est un brasseur de terre et d'autres univers
Il flâne au-dessus des gratte-ciel
Se désaltère à toutes les sources
Comme un vagabond du silence il se mêle aux conversations d'un un air effacé
Il comprend que rien n'est fractionné
Que le nombrilisme est une déchirure
Que l'autre est un allongement de soi
La séparation n'existe pas
Le poète n'est pas la quintessence ni même une alchimie
C'est une créature ordinaire
Il a le vers solide Le poète est incassable.



La sieste


Les modes

Mené par le bout du nez
A tenir la chandelle
En mode « déficit »

Eteint à soi éteint au monde
Je voudrais m'effaçer du cérémonial immonde
Arrêter d'ingurgiter l'imbuvable
Cesser de boire la tasse ou d'avaler le matériel de sécurité
Je m'attache solidement au sensible
Je suis un pétochard De guerre lasse

Au commencement était l'enfant
Empêché surveillé coupé
En mode « arrête tes bêtises »

Il a grandit
Dompté apprivoisé élevé contrarié
En mode « fais ce qu'on te dit »

Puis devient une grande personne
Coup de fatigue électricité dans l'air
Stage en centre agréé du replacement dans le droit chemin
En mode « remise à niveau »

Enfin dans la fleur de l'âge sur un chemin de rangs d'oignons
Déformé assommé secoué
Désappointement face au bénévolat obligatoire
En mode « révérences et neurones endoloris »

Et le voilà devant le mur de l'âge empâté par l'expérience
Rangé des voitures
Fragmenté désuni amputé
En mode « remise en forme »

Puis conclut par la vieillesse pour finir en eau de boudin
Délogeant les habitudes entre la confiture et les amours aigre-doux
En mode « interrompu »

L'humain est refroidi désabusé comme toujours
Si on pouvait retrouver un peu de conscience en soi
Flairer l'universel en mode « particulier »

On a beau faire on a beau dire
On a la nostalgie d'un temps à venir.

La banane


Un matin urbain



Un matin de suie
Des crachats dans le caniveau
Des immeubles en trompe- l’œil se prenant pour des monuments
avec des fenêtres éparpillées
à peine éveillées
Une odeur d'urine piquée soulevait le jour
Des ombres passaient Insaisissables
Des corps des visages ignorés
parfois avec un chien crevé sous le bras
Et ceux qui allaient à reculons un vélo sur l'épaule
Et ces rôdeurs qui n'avaient plus leurs têtes et divaguaient
Au bistrot le petit noir passait de main en main
La chaussée crissant au passage du train fantôme
Un ébrouement qui mange son pain noir
Sans maudire ni mot dire je fis un arrêt sur image
Par hésitation Par gêne
Il y eu un court silence flottant
puis la rue prit de la vitesse escortée par des bruitages d'enfer
on découvrit les encombrants
Les écologistes relevaient les taux de pollution
On colla des affiches La ville s'animait
Le jour s'étirait
Les immeubles prirent un air alpestre pour mieux étouffer les habitants
Le soleil entre le gris et le bleu avait un air convenu
Il était huit heures moins cinq à la pharmacie
La cité bien dans son époque accéléra les réseaux de son cœur artificiel
Tous les clignotants se mirent au vert
L'activité avait des fourmis dans les pattes
Moi j'avais les mains dans les poches et l'allure improbable.

mardi 8 avril 2014

Stratégie de l'attractivité

L'ignorance abêtit les foules.
Je tenais la jambe à un cul de jatte. Je ne sais qu'elle heure il était.
Je me souviens seulement d'avoir reçu une décharge frénétique.
Le monde mis en désordre. Jeux d'acteurs et émotions tordues.
Civilisation à corps perdu.
Le désir d'émancipation biaisé par le désir de consommer.
Le consumérisme fait carrière là où les autres ont échoué.
Endossée par tous ou presque, c'est une religion qui s'assied sur le toit du monde.
Les marchandises se ramassent à la pelle.
Idéologie non soupçonnée, un dessein coloré.
Munie de métastases venimeuses: les slogans !
Et de diverses complicités: les clients !
Ne dites plus une personne, dites un consommateur.
Consom'acteur pour les plus zélés, les adeptes, les fans.
A tout casser les temps modernes. On en reste coaché !
Tous nos désirs sont en boutiques.
Le public déroule le tapis rouge à ses désillusions.
Nous sommes en vrac. Produit du produit, maternés, sermonnés, sucrés.
Par l'emballage emballés.
Dépendants de notre dépendance, fétichistes du jetable, infiltrés.
La liturgie consumériste nous installe sous influence confortable.
Idéologie redoutable portée en triomphe les jours de soldes ou de fêtes institutionnalisées.
Aucun conflit d’intérêt, entre les uns et les autres, on ajuste et on croît !
Eteints à nous même, par une frénésie narcissique.
Aujourd'hui la civilisation tire sa décadence.
On lui a dressé une couronne de pacotilles.
La meilleure façon de dormir.

Je suis désolé de vous dire que notre nature s'étiole dans un coma artificiel.

Tu joues avec moi


L'avenir radieux

D'abord, la vie privée dépouillée sans préavis. Passée dans la presse.
Puis suit l'évidement de l'identité personnelle.
Enfin la vie intime ( délicate écume ) évincée ou passée au laminoir.
Indéniable succès d'un kit de conseils appropriés et de savants calculs,
introduits sous pression dans notre imaginaire par des gens attitrés,
    « made in Moderne » étiquetés.
Par des gens à fortes valeurs arbitraires communiquées.
Nos usages, nos goûts, nos espérances, nos sentiments et autres humanités les passionnent.
On nous enserre dans une camisole de mots rééduqués, sous un éclairage en trompe l’œil.
On a un fil à la patte. C'est la soumission correcte exigée.
L'esclavage n'a jamais été aboli.
L'homme, espèce non protégée dans une nature dénaturée.
Nous sommes corvéables.
Les refusants font la grimace. Des gens très ordinaires.
Ils veulent réintroduire la spontanéité dans son milieu naturel.
Ils songent à la désobéissance. Torpillent les formules répandues.
Touchent à la dignité universelle pour le plaisir.
Créateurs insoumis aux balisages, insensibles aux roucoulades de l'avenir radieux.
Ils vont au rythme des êtres et des choses.
Ébruitent le silence.
C'est ça le fond de l'affaire: être dans l'instant, dans l'incendie de la vie.
Avoir le cœur sur la main et l'amour en tête.
J'ai oublié de vous dire, ceci n'est pas un prêche..
Je n'allume pas une mèche.
Je ne suis pas un Gandhi de grands chemins.

 



Au bord de l'eau


dimanche 5 janvier 2014

LIBERTE POETIQUE

J'ouvre le dictionnaire à la lettre «    L    »
L pour liberté....disparue    !!!!
Tombée à terre, en miettes ou égarée, voir oubliée.
Les gens n'ont rien à se mettre sous la dent.
Si l'on souhaite sortir de la préhistoire par le haut,
si l'on ne veut pas que l'homme quitte l'homme,
passons du réglementaire à l'enchantement.
Equilibre stable avec le désir. Du bon usage de la vie.
Il faut accompagner sa quête de liberté.

Je ne reste pas devant une porte fermée.
Je suis sans importance, d'une période écoulée, trop vieux pour ouvrir une nouvelle jeunesse, mais je rassemble mon souffle.
J'ai fais le choix d'être libre : j'y vais !
A vol d'oiseau, c'est ma conquête.
Avec ma carriole avinée et vieillotte,
qui titube et cahote, toujours dans une ivresse lucide,
j'emporte l'écho de mes rires de p'tit môme insignifiant.
Je marche de côté, sur des chemins de fortune.
Je suis ma bonne étoile qui brille au firmament, près de la votre.
Je glisse mes pas là où je n'ai jamais cheminé.
Je traverse des cathédrales. Je vais à ciel ouvert.
Je rencontre le présent, le passé, l'avenir et des volontaires égarés.
L'inconnu, le facétieux, le voyageur, le silencieux, le sédentaire, 
le chercheur d'âmes, et j'en oublie certainement,
je suis l'étourdi sur tapis volant.
Le nez au vent, je retrouve mon naturel, donc la liberté.
Je dois recoller les morceaux.

Celui qui répare son réel, et se prend à rêver, goutte à la délivrance,
et d'amour peut se soûler.
Ayez l'audace amusante de ne pas vous empêcher.
Celui qui attend ne voit rien arriver.