Interview: qui êtes-vous ?

-D'abord, permettez-moi de vous dire, vous ne faites pas votre âge..
-non, je sais, je fais beaucoup plus.
-Heu!.. quel âge ?
-ingrat.
-Pourtant épanoui ?
-non, bêtement inhibé.
-Oui mais, dans l'air du temps ?
-peut-être, mais c'est un air con.
-Ah, bon? alors.. heu!.. essayons de mieux vous connaître.. heu!.. misanthrope ?
-non, mise au point.
-Que regardez-vous là-haut ?
-la question en suspend.
-Quelle question ?
-la guerre est-il un sport ?
-ah!.. et Dieu alors ?
-moi, pour rencontrer Dieu, je fais le mort.
-Bon. Heu!.. avez-vous un conseil a donner ?
-je ne conseille à personne de vieillir.
.-Avez-vous une remarque à faire ?
-je crois que les grands de ce monde se moquent du monde.
-Heu!.. vous avez des certitudes, peut-être ?
- non.. si, une seule. Je n'irai pas à mon enterrement, j'aime pas la foule.

dimanche 27 janvier 2013

Une conversation.

mue.
pourquoi écrire ? pour ne pas tout donner à la solitude.
être lu pour partager sa perception.
une soif pour vivre ensemble.
des moments pour être au monde.
les mots discutent entre eux mais il y a l'écho...
et les mots finissent par un silence pour entendre l'autre. Enfin parfois...
l'autre tout comme moi.
pourquoi écrire ? pour aborder le libre-arbitre et vérifier son état de santé:
médiocre. très médiocre.
il avale des couleuvres indigestes
et les mœurs lui font la peau..
non la tête dans le guidon ne suffit pas !

j'allais vous le dire, aujourd'hui c'est pire !
oh! ce n'est plus la découverte du feu ou l'invention du moteur à explosions..
on assiste en direct au changement de nature de l'homme.
l'homme connecté.
ce n'est plus l'homme et ses outils c'est l'homme-outil.
l'homme connecté est fonctionnel.
relié en permanence au siège des ordonnances.
cet homme modifié n'a plus de perception.
l'homme-outil est opérationnel.
il est au régime utilitaire.
mue.
Reste à s'étourdir.
avec des médias péteux des débats obsolètes et une dette morale hors sujet. 

mardi 15 janvier 2013

Conversation.


Au pied de l'immeuble.


Dialogue de sourds. ( c'est du lourd... )

- Monsieur..
-- Monsieur..
-- Vous avez l'air tendu, détendez-vous! détendez-vous!
-- Je n'ai pas  envie de me détendre, j'ai envie d'exister. Je ne veux pas que ma vie soit un assemblage d'absences ou un petit tas de croyances. Je ne sais plus où me mettre. Je m'ennuie..
-- Je vois, vous faites une baisse de régime. Vous avez besoin de vous ressourcer.
-- Une seule source: les libertés! La source qui se raréfie. L'illusion vous suit partout.
-- Oh! là! la! Vous n'allez pas bien, que vous êtes sombre et avec des idées noires.
-- Non, de toutes les couleurs, j'ai des idées arcs-en-ciel.
-- Allons bon! Alors, vous avez mal quelque part?
-- Ah! oui, chaque matin je ressens de fortes douleurs en enfilant les normes sociales. J'étouffe littéralement. Le prêt a penser m'engourdit.. N'être rien me va comme un gant, mais ça.. c'est interdit.
-- Qu'est-ce que c'est que ce charabia? Je n'y comprends rien, et pourtant je m'y entends!
-- Moi, j'entends une forte  agitation. Un bruit de distraction massive. Par défi, des gens grimpent jusqu'en haut de la fadaise.. Et on ricane! Il y a plus à craindre des insipidités que des incivilités.
-- Oui, je pense que vous êtes un paranoïaque en plein délire!! Dites-moi, que ressentez-vous présentement?
-- Je vais vous dire ceci: l'étoile lointaine qui scintille dans le ciel, c'est souvent un soleil éteint.. et bien nous, on erre dans un monde disparu!! Et pourtant des fables hypnotiques récurrentes prolifèrent. Je dis merde à cette période glacière.
-- Vous m'inquiétez, Vous avez un très fort sentiment de persécution.
-- Non, j'ai le sentiment d'un assèchement du langage. Des mots qu'on trahit. Un détournement du sens orienté vers une conformité morale. Un embourgeoisement de la bêtise.
-- Mais vous n'avez plus vos facultés! Vous êtes en pleine hallucination! Je vais vous indiquer quelqu'un qui traite ce genre de pathologie... Oui, quoi encore?
-- La guerre ou l'humanitaire, la faim ou l'abondance, c'est l'expansion de l'ignorance, un trou noir, la traite des manches!!
-- Votre état mental me fait peur. Vous n'avez donc rien dans votre quotidien qui vous passionne? Une activité?
-- Si, bien-sûr, je m'active comme tout le monde.. Je trie les déchets qu'on nous vend.
-- Hein? Et l'accès au savoir alors?
--  A force de tout savoir, on ne sait plus rien.
-- Ah!, mais vous m'emmerdez, vous dites des conneries à répétitions. Vous, à force de ne pas vous trouver, vous êtes nulle part!!
-- C'est ça, je me tue a vous le dire: Je ne sais plus où me mettre!!
-- Rooh!! Vous avez besoin d'être sécurisé. C'est évident.
-- A force de tout sécuriser, votre vie se passe sans vous.
-- Bon, ça suffit!! Réagissez, merde! Défendez-vous! Allez manifester, contester..
-- Pendant les contestations, la vente continue. Alors vous voyez...
-- Mais vous êtes psychotique! Un dingue! Faut vous soigner.
-- Mais non, je veux simplement qu'on ne sacrifie pas ma conscience sur l'autel de la consommation outrancière. Je quitterais volontiers ce monde de catastrophes. Cette société qui se nourrit de propagandes, de suspicions, et du mimétisme... Qui affadit les talents..
-- Stop! Merde, je ne veux plus vous entendre! Et je vais vous donner un conseil en ami. Faites comme moi: Pratiquer l'auto-censure trois fois par jour, matin, midi et soir. Et puis, armez-vous d'une bien-pensance solide, jusqu'à que plus aucune idée parasite ne vous persécute.. Et ça sera ma conclusion.. Merde alors!
-- Moi, j'ai une toute autre conclusion: Avec la compétitivité pour partition, la flexibilité pour allégeance, et la formation permanente comme endoctrinement, on est en état de mort cérébrale. La modernité, c'est du passé. L'histoire n'a donc jamais commencée...
-- Monsieur..
-- Monsieur..